Maison – 26 rue de la Monnaie

Localisation :

Tours, 2 rue du Change ; 26 rue de la Monnaie

Dates :

XVe siècle

État du batiment :

Conservé

Maison – 26 rue de la Monnaie.
Crédits : photo © Léa Dupuis

La maison sise à l’angle de la rue du Change et de la rue de la Monnaie est visible dans son ensemble depuis la place Plumereau, anciennement le Carroi aux Chapeaux. La place offre assez de recul pour admirer les façades de cette maison. Cette parcelle à l’angle de deux rues fortes présente un plan rectangulaire, le plus grand côté longe sur 12 m la rue de la Monnaie et le plus petit côté s’étend sur 10 m le long de la rue du Change [Bonnin, 1979, p. 167]. Cette maison se répartit sur six niveaux, élevés d’un rez-de-chaussée sur deux niveaux de cave, de deux étages carrés et d’un comble. Les façades sont en pan de bois recouvert d’un essentage en ardoise qui protège des intempéries tandis que le mur mitoyen à la maison voisine, au 4 rue du Change, est en pierre, formant ainsi un coupe-feu. Le rez-de-chaussée est percé d’une baie de boutique et d’une porte sur la rue du Change. Sa façade sur la rue de la Monnaie se divise en deux pignons différents et se compose de trois baies de boutique. Ce choix constructif a été dicté par la solidité et donc la longueur des bois disponibles pour la construction. L’édification d’un pignon unique ou d’une unique baie de boutique aurait demandé la réalisation d’une charpente de 12 m de portée, ce qui n’était guère possible.

Plan du rez-de-chaussée : Maison 26 rue de la Monnaie (retouché), Michel Marçonnet et Pierre Boille, architectes DPLG, Tours, octobre 1965, échelle 0,02 P.M, 30J232 Fonds Boille, Archives départementales d’Indre-et-Loire.
Crédits : Photo, Adobe © Ophélie Delarue.

 

L’encorbellement au premier et deuxième étages repose sur des poteaux élargis qui, avec l’encadrement des fenêtres, offrent aux sculpteurs d’importants champs propices à la réalisation d’un décor. Tout d’abord, la porte en anse de panier est surmontée d’une Accolade ornée de choux frisés et couronnée d’un fleuron. Ensuite, les sablières sculptées de cavets et de tores ainsi que l’encadrement des croisées forment un larmier à retour reposant sur des culots figurés. Des engoulants, un monstre ouvrant leur mâchoire dentée, croquent l’about de la sablière. Non loin de la place, ce décor engoulé se retrouve sur la maison 32 rue Briçonnet. De plus, les poteaux élargis sont moulurés en forme de colonnes à base et/ou à chapiteau prismatiques.

 

Enfin le décor présente des sculptures figurées d’une grande qualité. En partie basse, à l’angle nord-ouest, se trouve la Vierge assise tenant l’Enfant nu sur ses genoux, elle montre les genitalia de l’Enfant preuve de l’Incarnation. L’Enfant est tourné vers le mage qui se tient sur le côté, il a posé son chapeau avec sa couronne au sol et tient une coupe (l’une des offrandes : or, encens et myrrhe…, l’autre bras est tronqué). En dessous se tient un berger jouant de la musique, vraisemblablement une cornemuse, en présence d’un arbre et d’un chien : l’évocation de l’Annonce aux bergers et à l’Adoration des bergers qui sont des thèmes liés à la Nativité.  

Vierge assise tenant l’Enfant tourné vers un mage et Adoration des bergers : Maison 26 rue de la Monnaie.
Crédits : photo © Léa Dupuis.

 

À droite de la porte ornée d’une accolade donnant sur la rue du Change, un autre mage porte une robe doublement fendue montrant ses deux jambes, il est couronné et il tient sa couronne. Sans doute, cela évoque le fait qu’il va l’ôter devant l’Enfant Jésus. Sa robe possède des galons brodés et il a une riche bourse à la ceinture (de face). Le mage devait tenir quelque chose dans la main qui est désormais manquante.

Mage couronné portant une robe doublement fendue : Maison 26 rue de la Monnaie.
Crédits : photo © Léa Dupuis.

 

Toujours en partie basse, un autre homme barbu avec une longue robe et un capuchon, une bourse à la ceinture serait le 3ème mage; à moins que cet homme soit un berger puisqu’ il n’est pas couronné. Il devait tenir quelque chose dans ses mains aujourd’hui détruites. Un ange en partie bûché se présente au-dessus de lui. 

Mage ou berger vêtu d’une longue robe et d’un capuchon : Maison 26 rue de la Monnaie.
Crédits : photo © Léa Dupuis.

 

En partie haute prennent place un couple non identifié dans l’angle nord-ouest, un homme avec une épée et un livre (saint Paul ?), un homme avec une hache (saint Mathieu ?), un homme avec une hallebarde (saint Jude ?) et les autres n’ont pas été identifiés à ce jour. La grande qualité de la sculpture – les larges plis très bien structurés pour les vêtements et les visages aux traits bien travaillés comme saint Paul ou le couple – retient l’attention. 

 

Cette maison d’angle date du XVe siècle ou de la première moitié du XVIe siècle d’après la technique d’assemblage de la structure en bois et la richesse du décor dans l’ensemble [Noblet Julien, 2013, p. 135-141].

 

Bibliographie

Base POP, IA00071265, PA00098244 et PA00098216.
Bonnin Martine, Les maisons à Tours au XVème et au XVIème siècles, mémoire de maîtrise d’Histoire de l’Art, sous la direction de Jean Guillaume, CESR-Université de Tours, [1979]. 
Noblet Julien, « L’architecture en pan de bois à Tours : nouvelles perspectives », dans Alix Clément, Épaud Frédéric (dir.), La construction en pan de bois : Au Moyen Âge et à la Renaissance, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2013.


Lien vers la fiche associée :

Les maisons en pans de bois